Le 15 mai 2021
Bonjour à tous,
ayant récemment extrait en .mp3 le meilleur de ma collection de CD's à l'occasion de la mise en route d'un nouveau mobile, et comparant cette bibliothèque aux sept premiers articles de ce blog, je me suis rendu compte de l'absence cruelle de derniers incontournables, malgré le nombre d'albums cités déjà impressionnant.
D'où l'idée de cette huitième page, qui reprend les ultimes grands oubliés de ma sélection. Certains sont des vinyles que j'ai achetés ou enregistrés au moment de leur parution, d'autres sont clairement des découvertes plus ou moins récentes, mais qu'on ne peut décidément pas ignorer lorsqu'on parle de rock des années '70 et '80.
Quinze album mythiques donc, qui permettent ainsi d'atteindre le nombre symbolique des 100 albums les plus représentatifs (pour moi du moins !) de ces deux décennies bénies des dieux du rock !
Enjoy!!
1. Accept - Balls To The Wall (1983)
Massif, tel est le qualificatif qui vient instantanément à l'esprit à la première écoute de cet album. Force est de constater que les teutons d'Accept ne font pas dans la dentelle : entre les cris d'orfraie du nain hurleur Udo Dirkschneider, le son des EL34 chauffées à blanc des JCM800 et une rythmique à mettre en défaut les systèmes antisismiques les plus éprouvés, on est ici en présence d'un ensemble redoutablement efficace. Ce disque à lui seul pourrait résumer le Heavy Metal des années '80. Il montre en tout cas que l'Allemagne hardos d'alors avait plus d'un scorpion dans son sac. Si en plus vous poussez le volume et lui faites profiter d'un système hi-fi digne de ce nom, vous avez là le moyen de montrer définitivement qui est le chef à votre voisin du dessus qui vous embête ! ;)
2. Gary Moore - Wild Frontier (1987)
Ce disque est superbe. Il marque une transition entre le Heavy Metal pur et dur du début de carrière de Gary Moore et son virage radical, début des années '90, vers le blues. Une fois de plus très empreint des sonorités et thématiques de son Irlande natale (cf. Over The Hills And Far Away, Wild Frontier ou Johnny Boy), le guitar hero balafré nous offre ici un merveilleux voyage à travers la verte Érin. Reprenant de façon amusante – et très certainement involontaire – le thème d'une pub Dim des années '70, The Loner fait partie de ces envolées guitaristiques sublimes qui vous transportent, à l'instar des ballades Parisienne Walkways ou Empty Rooms, si emblématiques du surdoué de Belfast. Ne passez pas à côté de ce très bel album.
3. Mama's Boys - Power And Passion (1985)
Les Mama's Boys, c'était trois frangins, Pat, John et Tommy McManus. Également originaires d'Irlande, ils vont monter début des années '80 un projet de power-trio extrêmement convaincant. Leur répertoire, comprenant entre autres une reprise de Slade
Mama We're All Crazy Now et son clip hilarant, est alors fait de titres simples mais très percutants. L'association des guitares de Pat – selon la légende, il tira son surnom "The Professor" des leçons gratuites qu'il donnait à la fin des concerts aux kids médusés par sa technique –, de la voix de John et de la passion du petit frère Tommy pour la batterie, ont donné des pépites comme
Runaway Dreams – solo de violon électrique à écouter absolument à 3:38 ! – ou
Lonely Soul.
Power And Passion, c'est d'une certaine manière l'album de la maturité. Il est d'une puissance et d'une homogénéité remarquables. À écouter d'urgence : Needle In The Groove et Don't Tell Mama.
La suite de l'histoire sera beaucoup plus triste, puisque Tommy McManus décèdera en 1994 des suites d'une leucémie détectée à l'âge de 9 ans.
Pat McManus continuera une carrière solo extrêmement riche. J'ai eu la chance de le voir deux fois en concert (la première au Railway Venue de Bolton, UK, salle qui n'existe plus aujourd'hui, la deuxième juste avant la pandémie à Honfleur), et suis fier de l'avoir rencontré personnellement à ces deux occasions ; au passage, c'est un type d'une gentillesse et d'une facilité d'abord incroyables. Je ne saurais trop vous recommander ses albums, à commencer par In My Own Time.
4. Robert Plant - Now And Zen (1988)
Malgré plusieurs explorations de projets post-Led Zep (notamment ceux de Jimmy Page et ses albums The Outrider, The Firm avec Paul Rodgers ou Coverdale/Page), aucun d'entre eux ne m'a autant convaincu que ce très beau disque de Robert Plant. Il respire toute la fraîcheur musicale des années '80, présente des sonorités plutôt cristallines, une signature vocale forcément unique et jouit d'une production sans faille. J'ai commencé récemment à découvrir le reste de la discographie de cet immense chanteur, mais il semble à ce stade que je sois tombé à l'époque sur le "tout meilleur" en achetant ce vinyle au moment de sa sortie.
À noter que l'un des deux seuls CD dont je me sois séparé depuis que ce format existe, est un autre album de Robert Plant, Lullaby and… The Ceaseless Roar. Une daube finie, sorte de musique éthnique (c'est cela qu'on appelle "musique du monde" ?) d'une insipidité déconcertante. Comme quoi ..
5. Rush - Permanent Waves (1980)
Entendu tout naturellement pour la première fois à la radio (était-ce sur Wango Tango de Francis Zégut, je vous le demande, bande de p'tits graisseux et de p'tites graisseuses ?! ;), The Spirit Of Radio m'a évidemment tout de suite emballé.
On ne présente plus Rush, groupe canadien extrêmement prolifique, à la voix si caractéristique et à la carrière si riche.
Étant globalement complètement passé à côté de ce monument du rock – je n'ai longtemps possédé que le Best of des premières années, Retrospective I. –, ce n'est que récemment que je me suis intéressé de plus près aux différents albums individuels. Je reste donc très modeste quant au choix de celui-ci comme "le meilleur" de Rush, mais il est souvent présenté comme tel.
6. Aerosmith - Toys In The Attic (1975)
Là encore, je demeure très prudent quant à critiquer l'œuvre d'un groupe dont ma connaissance de la discographie n'est manifestement que très parcellaire. Mais comment ne pas plébisciter un disque réunissant des titres comme Walk This Way ou Sweet Emotion ?
7. Saga - Worlds Apart (1981)
Voilà encore un groupe et un univers à côté desquels je suis complètement passé au moment de leur heure de gloire (même si le nom "Saga" ne m'était pas inconnu dans les années '80). Je devais néanmoins me douter de quelque chose, car j'avais acquis sur le tard l'excellent album "Trust" à sa sortie en 2006.
J'ai découvert Worlds Apart au travers du DVD concert "Worlds Apart Revisited" de 2007, un moment absolument délicieux, tellement les mélodies, la maîtrise technique et le charisme du groupe sont forts et impressionnants !
Pour le reste, c'est bien simple : il n'y a pratiquement que des tubes sur la face A de cet album : On The Loose, Wind Him Up et son intro prog/synthé si caractéristique et son envolée lyrique complètement exaltante à 4:43, Framed, Time's Up et son riff planant et mélancolique, etc. : absolument rien n'est à jeter.
Oscillant entre rock progressif, fusion et New Wave éclairée, rempli de joutes synthés/guitares épiques, d'envolées lyriques du chanteur charismatique Michael Sadler, cet album est un pur régal et a toute sa place dans la bonne discothèque rock des années '70 et '80 : c'est même un incontournable !
8. Fanny - Fanny Hill (1972)
Fanny.. ou l'injustice qui a voulu qu'un groupe de filles extrêmement douées émerge à une époque – le tout début des années '70 – où rock rimait avec macho (en fait.. ça rime pas). J'ai découvert ce groupe complètement par hasard il y a deux ou trois ans, par le biais de vidéos YouTube, dont au passage on ne loura jamais assez l'existence pour se faire une culture musicale.
Deux sœurs métisses (Jean et June Millington), quatre musiciennes toutes capables de chanter, des mélodies pop-rock (voire hard rock) complètement typiques de la période et super accrocheuses, je n'en reviens pas qu'elles n'aient pas percé davantage. J'ai réussi à dénicher leur quatre premiers albums, trouvés pour la plupart sur leur site et envoyés par Alice de Buhr herself – qui était batteuse du groupe –. Tous se valent, j'ai choisi celui-ci pour ses titres Ain't That Peculiar, Wonderful Feeling, Hey Bulldog. À découvrir absolument !!
9. Yes - 90125 (1983)
Là encore, je reste très, très modeste quant à ma connaissance plus que minime de ce monument, que dis-je ? de cette institution du rock progressif qu'est Yes. Je dois humblement avouer que je ne suis pas un fan inconditionnel du groupe, mais lorsque l'intro d'Owner Of A Lonely Heart vous tombe dans les oreilles pour la première fois, vous ne pouvez rester insensible. Gros riff, grosse rythmique, et cette voix ! Jon Anderson possède un timbre reconnaissable entre mille (pas peu fier de l'avoir identifié à la première écoute sur un titre récent de United Progressive Fraternity, The Water). Et là encore, la production, très "années '80", est un régal. 90125 est un album que je me repasse toujours avec beaucoup de plaisir.
10. Mike Oldfield - Platinium (1979)
Petite digression : je m'autorise à placer ici cet album plein de souvenirs émus de l'ado que j'étais en 1979, simplement parce que je l'adore, qu'il fait invariablement remonter en moi des sentiments très forts et qu'il marquait aussi un tournant dans la carrière du génial arrangeur multi-instrumentiste.
Découvert en Allemagne lors de soirées où pouvaient se côtoyer des titres aussi improbables que Miss You des Rolling Stones, I Was Made For Loving You de Kiss et TNT d'AC/DC, j'ai découvert Mike Oldfield par un tube au titre étrange : Punkadiddle. Avec cette espèce de flûte, ce rythme endiablé et ces ovations gigantesques (Oy!!!), il mettait tout le monde en transe. C'était génial !!
Très marqué par la déferlante Disco de l'époque, Platinium n'est pas un disque de rock, loin de là, mais il complète tellement bien ce style ! Écouter un album de Mike Oldfield période années '70, c'est comme respirer une bouffée d'air frais musical dans un monde de brutes !
11. Steely Dan - The Royal Scam (1976)
Steely Dan : un monde musical complètement à part, fait d'un savant mélange de pop, de jazz, de fusion, d'harmonies vocales, tout un tas de choses aux sonorités bizarres, ou plutôt inhabituelles pour qui aurait été bercé aux douze mesures et biberonné à la gamme pentatonique. Comparez Steely Dan et Status Quo : ça commence pareil, mais c'est musicalement aussi éloigné qu'un steak-frites d'une entrée de chez Tartarin au Havre - pour ceux qui connaissent ;), les deux étant par ailleurs excellents !
Pour moi, Steely Dan a longtemps été la musique de mes débuts professionnels, période assez difficile s'il en fut. Tout simplement parce j'écoutais en boucle, à cette époque de mon stage intégré d'ingénieur, le vinyle d'un copain copié sur cassette. La voix de Donald Fagen étant très caractéristique, et le cerveau associant bêtement les sons et les bouts de vie, voilà comment ce groupe s'est retrouvé synonyme chez moi de quelque chose de pas forcément agréable.
Ces années sont loin maintenant et je redécouvre petit à petit cette musique d'une richesse incroyable. Bien que New-Yorkais d'origine, Donald Fagen et Walter Becker ont su créer des atmosphères emblématiques, du moins très caractéristiques de la côte ouest des États-Unis.
The Royal Scam, cinquième album studio du groupe, voit notamment la participation de musiciens de talent, dont l'excellentissime Larry Carlton, crédité des solos de Kid Charlemagne (considéré par certains comme le meilleur solo de guitare du monde, devant Comfortably Numb de Pink Floyd, c'est peu dire !) et de l'irrésistible Don't Take Me Alive. Courez découvrir cette musique essentielle !
12. AC/DC - Back In Black (1980)
Tout a été écrit sur Back In Black, le plus grand disque de hard rock de tous les temps. Bon Scott venait de disparaître tragiquement, et la carrière des sales gosses australiens aurait pu s'arrêter là, tout net (après tout, c'est arrivé aux plus grands, à commencer par Led Zeppelin, avec la disparition de John Bonham en septembre1980). C'était sans compter avec la rage de vaincre d'un certain Malcolm Young, et la consécration absolue du reste du groupe au dieu Rock. Arrive un hurleur à casquette de sa banlieue de Newcastle, inconnu de tous ou presque (qui avait entendu parler de Geordie avant AC/DC ?). Le reste s'est passé aux Bahamas, avec un certain Mutt Lange aux manettes.
Back In Black, c'est le truc que vous vous prenez dans votre tronche d'adolescent encore en train de vous demander "ce que ça va être AC/DC sans Bon" ;
Back In Black, ce sont dix titres que vous laissez s'égrener sur votre platine en regardant fixement les cinq photos noir et blanc de la pochette intérieure, qui s'impriment dans votre subconscient de manière aussi indélébile qu'un tatouage et deviennent à jamais indissociables de cette bombe musicale : Cliff Williams et son manchon en cuir, hurlant dans un micro, Brian Johnson contre un mur, hilare, la casquette déjà vissée sur la tête, Phil Rudd frappant comme un damné sur sa Sonor, Malcolm Young et sa Gretsch dans un halo de lumière et Angus, Angus Young, projetant en avant une SG noire à pickguard blanche, lui aussi dans un immense éclair de lumière. Indélébile, vous dis-je ;
Back In Black enfin, ce sont ces deux faces mythiques, l'une s'ouvrant dans un son de cloche lugubre, l'autre par six coups de médiator et deux de Charley étouffés.
La production phénoménale de Mr. Lange a fait le reste.
13. Pat Travers - Makin' Magic (1977)
Également découvert très (trop) tard, le canadien Pat Travers fait désormais partie de mes artistes préférés. Son blues-rock brut, à la fois rentre-dedans et non dénué de multiples subtilités musicales – Hooked On Music est ainsi devenu une reprise mythique de notre groupe Atomic Sun, considéré à juste titre comme notre "nirvana" sur le plan technique ah ah ! –, merveilleusement servi par une voix rocailleuse à souhait, figure parmi ce qui ce fait de mieux dans le genre.
Quand je vous aurai dit que Nicko McBrain (batteur de Maiden depuis Piece Of Mind) faisait partie du trio infernal qui enregistra Makin' Magic en 1977, vous ne douterez plus de la qualité de cet album, marqué une fois de plus par une grande cohérence musicale et une évidente joie d'expression !
J'ai eu la chance de voir Pat Travers à Cléon il y a quelques années, ce fût un concert absolument formidable.
14. Kansas - The Best Of Kansas (1984)
Kansas est un véritable monument du rock américain : il était impossible de passer sous silence cette quasi-institution au pays de l'Oncle Sam.
Kansas, ce sont des titres la plupart du temps épiques, servis par des guitares parfois très hard, des envolées vocales plus que convaincantes, des claviers style orgue Hammond également toujours très inspirés, mais surtout l'omniprésence du violon électrique, qui, à l'instar de la flûte chez Jethro Tull, crée cette signature musicale unique !
La discographie de Kansas étant assez vaste, je pense qu'il n'y a pas mieux que ce "Best of" sorti en 1984 – et déniché pour ma part dans la discothèque ICAM –, pour se faire une idée du vaste talent de ce groupe de légende. Faites-vous votre propre avis en écoutant
Song For America ou leur immense tube folk
Dust In The Wind : vous conviendrez alors que cet album a toute sa place dans cette sélection !
15. Stocks - Eclats De Rock (1984)
Je ne pouvais pas terminer sans évoquer ceux qui nous ont tant inspirés étudiants, surnommés les "ZZ Top du Nord", la bande du géant au grand cœur Christophe Marquilly, je veux parler bien sûr des Stocks.
Quand on commence sa carrière de façon aussi atypique que sur un album Live explosif ("Enregistré En Public", 1982), quand on chante le Nord de façon aussi authentique ("Je suis né dans un pays, où la vie ressemble à la pluie !..") et quand on délivre un tel blues-rock aussi musclé qu'efficace, la recette ne peut que faire mouche auprès d'un adolescent qui ne jure alors que par Kiss et AC/DC !
Stocks fut le premier concert de ma vie, au campus universitaire d'Amiens. La claque magistrale. J'ai encore bien présent à l'esprit cette Les Paul Custom grise et noire délivrant un son d'une puissance qui m'était alors inédite. Ma mère, qui était venue me rechercher à la fin du set, m'a souvent rappelé à quel point elle gardait le souvenir des coups percussifs de grosse caisse qui lui "cognaient dans la poitrine" (mes parents n'avaient jamais été voir de concerts de rock, ce n'était pas vraiment dans la culture familiale ;).
Bref, je suis très vite devenu un fan inconditionnel de Stocks, et mes copains de l'ICAM aussi, si bien que plusieurs titres de leur répertoire se sont retrouvés dans le nôtre (Suzy, Ça M'Fait Tout Drôle, et l'excellent Elle Me Voit Pas qui ouvrait cet album).
Je n'ai jamais compris pourquoi ils n'ont pas percé, je n'ai jamais compris pourquoi ils n'ont pas continué (même si Stocks a produit "Trois" en 2002). Christophe Marquilly a sorti deux disques solo – dont un qu'il m'a gentiment dédicacé –, mais je reste nostalgique du Stocks de ces années '80, si prolifiques. Malgré ce qu'ils en disaient, j'avais l'impression qu'on faisait partie de la même bande (
On Fait Pas Partie De La Même Bande, Face B 45 tours).
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Voilà qui clôt définitivement cette chronique sur ce que je considère comme les meilleurs albums de rock des années '70 et '80.
Encore une fois, tout ceci est très subjectif et éminemment partial.
Mon souhait le plus cher serait que ces quelques articles donnent à minima l'envie au lecteur d'avoir la curiosité de découvrir ces artistes et ces disques, ou simplement de les réécouter pour ceux qui comme moi, ont eu la chance d'avoir vingt ans au moment de leur parution. Je sais que certains parmi les plus jeunes d'entre nous se sont déjà servi de cette sélection pour chiner dans les brocantes et faire leur choix parmi des vinyles qui deviennent aujourd'hui des objets de collection (qui l'eût cru ?). C'était le but et j'en suis ravi !
Bonne écoute et n'hésitez pas à réagir !
Olivier.